D’aucuns vous diront que cet enfermement (in)volontaire ne fut chose aisée et que le retour à une vie « normale » angoisse, déconfinement réussi ou non. Si la question de la santé publique monopolisa les médias tous les jours, la question économique fut sur toutes les bouches également, pendant ces deux derniers mois. Quel risque encouru si je ne porte pas de masque? Les enfants doivent ils aller à l’école ? Et l’hôpital dans tout cela, va t-on le refinancer ? Comment survivre après la perte de plusieurs points de PIB? Et l’augmentation du chômage et le pessimisme remarquable des Français? Sans compter les comptes politiques à venir, qui est responsable de ce fiasco, pourquoi, comment, où? D’autres sujets méritent autant d’éclairage à mon sens. Les questions sociétales sont plus nombreuses que cela et pour cause. Parmi lesquelles:
1. La faillite des TPE aux et PME . Que ce soit pour leur part dans l’emploi salarié (plus de 6 millions de salariés), dans la valeur ajoutée créée (43%) en France ou encore dans l’effort de recherche et d’innovation, ces très petites et moyennes entreprises pèsent autant que les grandes entreprises. (https://resources.grouperandstad.fr/decryptages/economie-que-pesent-reellement-les-pme-et-tpe-en-france/). L’impact de cette faillite va persister. Jusqu’à quand? Le chômage a augmenté, les structures déposent le bilan, le chômage partiel est en place.
En tant qu’indépendante, j’ai perdu une part significative de mes revenus pendant cette période. Mon activité n’en a pas été moindre cependant. J’ai pu mener de nombreuses séances d’écoute en visio (gratuitement). Et parfaire mon savoir avec des études bibliographiques, entre autres .
2. La détérioration de la santé mentale. L’augmentation des troubles dépressifs, anxieux, les tentations suicidaires qui ont dépassé les seuils pathologiques et les prévalences « habituelles ».(https://www.psy.link/blog/2020/05/05/souffrance-psychologique-en-temps-de-confinement/). L’impact va persister, avec quelles séquelles ? Si cette période a été vécue pour certains comme un trauma, les syndromes de stress post traumatiques en seront les stigmates. Et cela est particulièrement violent.
A titre personnel, le début de la période a été difficile. Il a fallu que je me reconfigure en famille sur l’occupation des espaces communs, sur la répartition des actions de gestion de la petite entreprise familiale. Les interactions 100% du temps m’ont obligée à réinventer les liens, car même s’ils sont de bonne qualité, ils s’exercent différemment. Afin de ne pas sacrifier ce sanctuaire, il a fallu déployer beaucoup d’énergie. Le confinement s’est mué en cocon-finement à notre plus grand plaisir. Malgré un environnement privilégié et une famille soudée, l’anxiété m’a tout de même gagnée: celle de l’incertitude.
3. Les violences conjugales. Les signalements ont augmenté de 30% la première semaine de confinement. Dans une famille où la violence, dont les femmes sont l’objet (en majorité, mais des hommes subissent aussi des violences), s’exerce de manière amplifiée, avec des enfants qui payent aussi le prix fort. Les femmes se retrouvent emprisonnées avec un risque de conflit aggravé. (https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/30/hausse-des-violences-conjugales-pendant-le-confinement_6034897_3224.html).
4. Les sans-abri, la population carcérale. Ces populations « ordinairement » à risque sur tous les plans (sanitaire, physique, mental, raisons structurelles – manque de lieux d’accueil pour les sans abri, surpopulation pour les prisonniers), voient leurs conditions se dégrader plus encore .https://www.ouest-france.fr/societe/pauvrete/confinement-les-sans-abri-en-grande-fragilite-6812139. https://www.franceinter.fr/societe/confinement-en-prison-la-controleure-generale-adeline-hazan-demande-des-liberations-anticipees
J’ai posé ma candidature sur la plateforme jeveuxaider.com pour intervenir en tant que bénévole dans un centre social pour jeunes délinquants, je n’ai pas eu de feedback. J’ai pu tout de même apporter mon soutien à un sans abri caché dans un recoin. J’aurais aimé accomplir davantage.
Etait-ce donc un cocon-finement (pour les chanceux) ou bien un co-confinement (pour les colocataires), ou bien encore un con-confinement (pour les réfractaires) ? Voyons ce que le déconfinement aujourd’hui nous réserve de bon, espérons, à venir. Car dans la société française pessimiste, en perte de vitesse, où le pacte social n’est plus que cendres, où la santé mentale et la santé économique déclinent, où la question culturelle devient critique où les sciences sont réduites à la portion congrue…. la question du déconfinement s’annonce désastreuse. Pour ma part, je me pose la question suivante: Quel espoir pour demain si ce n’est la qualité du lien social ?
Oui, l’espoir de créer le ciment de la vie sociale, l’attention, le respect, la gratitude, le pardon, et toutes les forces de caractères qui valorisent l’être humain dans son humanisme le plus lumineux. Voilà ce qui me semble être la base pour fonder une société véritablement moderne. Et pour cela, commençons par l’éducation. Des cours d’empathie, de communication non violente dès le plus jeune âge. Approprions nous les préceptes de Carl Rogers, mon mentor, entre autres. Le reste suivra.